L'intelligence et ses troubles. Des déficiences mentales de l'enfant aux souffrances de la personne

Roger Perron, Dunod, 2000, 246 p., 165 F.

Roger Perron, en publiant ses écrits sur la mesure de l'intelligence et le problème de la déficience mentale, a répondu à une demande de son éditeur : rassembler en un seul recueil des textes, publiés ou inédits, le plus ancien datant de la fin des années 50 et le plus récent de 1996, en acceptant le risque que certains textes paraissent obsolètes.

En replongeant dans ses archives, il atteint un double objectif : d'une part, montrer comment peut évoluer, au travers de ses positions théoriques ou cliniques, la carrière scientifique d'un chercheur. D'autre part, car certaines idées restent d'actualité, contribuer aux débats sur la mesure de l'intelligence. Après avoir consacré une grande partie de sa carrière aux problèmes méthodologiques et scientifiques que pose la mesure de l'intelligence, R. Perron a pris un tournant. Il s'est dégagé de cette position « objectiviste » du chercheur, qui tente de déterminer avec rigueur les capacités intellectuelles de ses patients, pour s'intéresser à un autre aspect fondamental : la souffrance et la dynamique conflictuelle inhérentes à la déficience mentale.

La troisième partie du livre s'attarde donc en quatre textes à la souffrance que ressentent ceux qui manquent de certaines capacités intellectuelles. Le premier, sur l'adolescence des déficients, est ancien (de 1965) et à bien des égards dépassé. Il y est fait usage, par exemple, du terme « débile » qu'a plus tard abandonné R. Perron en raison de sa connotation trop péjorative. Il est également à replacer dans le contexte économique de l'époque, celui de plein emploi.

Mais la question qu'il pose est fondamentale : que représente, pour un enfant aux capacités intellectuelles déficitaires, la transformation de son identité au moment de l'adolescence. Un autre chapitre, plus récent, décrit une étude empirique, visant à évaluer comment ces adolescents ressentent leur situation particulière. Ceux-ci montrent un certain réalisme face à leurs difficultés, tout en vivant souvent comme une « faute personnelle » leur fâcheux destin scolaire.

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