L'Invention du sans-culotte Regard sur le Paris révolutionnaire

Haim Burstin, Odile Jacob, 2005, 229 p., 24,90 €.

Voici un ouvrage plutôt mal titré. Car si le concept « d'invention du sans-culotte » - l'idée que le sans-culotte échappe à une définition claire et pose aux historiens des questions encore non résolues quant à son origine sociologique et professionnelle - est un des sujets traités, il n'est pas le seul.

Le cycle de conférences données par l'auteur au Collège de France en 2002, dont est tiré le livre, traite d'une histoire parisienne vue d'en bas, qui fait sortir le peuple parisien de l'anonymat dans lequel il est souvent cantonné. Deux des chapitres sont consacrés aux sans-culottes et aident à définir ce qu'ils furent, à la fois pour les contemporains et pour les historiens. On les voit ainsi apparaître comme la formation idéalisée des combattants révolutionnaires, devenus l'idéal-type imposé comme modèle d'identification aux couches populaires. Idéalisation qui permet d'incorporer parmi eux une frange de combattants pas forcément issus desdits milieux, rassurant les modérés qui craignent les réactions du peuple.

Le Paris révolutionnaire étudié ici est saisissant de réalisme, notamment dans le chapitre consacré à l'Observatoire. Un modèle de microhistoire grâce auquel surgit, au fil du conflit opposant l'académicien Cassini à ses élèves, la réalité de ce que furent les enjeux, le déroulement et les conséquences du vent révolutionnaire sur l'institution scientifique.