L'ivresse révolutionnaire

Histoire des révolutions. Martin Malia, 2006, trad. Laurent Bury, Le Taillandier, 2008,
462 p., 30 €
Historien spécialiste du régime soviétique, Martin Malia, mort en 2004, s’est intéressé à la longue histoire des révolutions. Jusqu’au XXe  siècle, selon lui, seul le monde occidental a connu le phénomène révolutionnaire. Faut-il attribuer sa genèse au féodalisme européen, qui valida la possibilité de se rebeller contre les autorités quand les circonstances l’exigent ? M. Malia juge en tout cas que le cadre des institutions européennes, qui concentrent progressivement les pouvoirs jusqu’aux régimes absolutistes de l’Ancien Régime, a déterminé l’apparition du phénomène. Comme les Lumières ou la démocratie, les révolutions seraient donc consubstantielles à l’Europe.

 

Depuis la protestation hussite en Bohème (1415-1436) jusqu’à la révolution d’octobre 1917, en passant par les troubles résultant de l’émergence de la Réforme (1517-1555) puis de l’insurrection huguenote en France (1559-1598), la révolte néerlandaise (1566-1609), les révolutions britanniques (1640-1688), la guerre d’Indépendance américaine (1776-1787)…, chaque révolution, dit l’auteur, a tiré les leçons de la précédente et atteint un degré supérieur dans le radicalisme. Le sens moderne du terme se forme à la Révolution française (1789-1799), d’où émerge le projet prométhéen de créer un « homme nouveau ». Projet qui atteindra sa plénitude en Russie, quand l’utopie marxiste servira de bible à la révolution de 1917.