La bipolarité

La bipolarité est d’autant plus difficile à diagnostiquer qu’elle revêt de formes multiples et peut se confondre avec d’autres troubles…

Augustin
Bipolaire et… heureux

Le débat fait rage entre les principales obédiences qui existent en psychologie de type analytique, cognitivo-comportementale* ou bien encore humaniste*, je ne pense pas qu’il s’agisse ici de déterminer de façon absolue la seule voie thérapeutique susceptible d’aider un individu. Au contraire, j’estime que la diversité des approches proposées est une chance puisqu’elle permet à chacun de trouver le versant thérapeutique qui lui correspond. Certains seront plus intéressés par un voyage au long cours qui leur permettra de mieux comprendre l’origine de leur façon d’être et opteront pour le chemin analytique, d’autres au contraire, parfois prisonniers d’un violent mal-être, ont besoin que des solutions leur soient proposées pour les guider vers un nouveau champ des possibles qui leur paraissait improbable.

Je fais partie de cette deuxième catégorie d’individus, je me sentais enlisé, à bout de souffle, sans aucun espoir concernant mes chances de réussite sociale et professionnelle ; or, la rencontre avec ma psychiatre spécialisée en thérapies cognitives et comportementales* m’a réconcilié avec la vie, avec moi-même. Je me suis longtemps dénigré à me considérer hypersensible, fragile, lunatique, instable, déprimé. Mon parcours était celui d’un être à la dérive qui s’était essayé à différentes formations universitaires et à différents métiers. Ma vie sentimentale, elle aussi, était pour le moins chaotique et il m’était impossible de faire preuve de constance dans mes choix indépendamment du domaine concerné. Je travestissais mon incapacité à m’engager dans la durée et à me poser en répétant les séjours prolongés à l’étranger, à me fuir et à épargner aux miens la contemplation de mon profond mal-être, de mes interrogations permanentes, de mon désarroi, de ma lassitude.

À 29 ans, il me fut soudainement impossible de faire davantage semblant, je devenais prisonnier d’un monstre à deux têtes, tour à tour euphorique ou mélancolique. Je devais me risquer à jouer au funambule, ne sachant de quel côté allait m’entraîner ma chute, vers une euphorie grisante mais incontrôlable ou vers les abîmes d’une noirceur opaque qui enveloppait peu à peu tout mon être et faisait de chaque minute une minute de sursis, une minute à laquelle j’avais encore survécu. Je n’avais pas de motifs précis ou légitimes pour être à ce point déprimé, je subissais des changements d’humeur pathologiques qui m’interdisaient l’accès aux différents domaines dans lesquels j’avais pu m’investir jusqu’alors. J’avais l’impression d’être souillé par une forme de pensées que je voulais rejeter de toutes mes forces mais dont j’étais cependant devenu la chose.