La carte postale a du cachet

CARTE POSTALE

© ARTAUD FRÈRES CARQUEFOU/NANTES MUSÉE DE LA POSTE

Cette carte postale de Saint-Aubin-sur-Mer (Calvados) éveille un imaginaire de châteaux de sable et de crème glacée. En revanche, seuls les habitués reconnaîtront la petite station balnéaire normande. Car de la Côte d’Azur à la mer du Nord, les cartes postales des années 1960 reproduisent invariablement les mêmes plages ensoleillées aux parasols colorés, photographiées à marée haute et en contre-plongée, souvent grâce à l’utilisation d’une échelle.

Cette normalisation du regard est typique de l’esthétique de la carte postale, objet auquel le musée de la Poste (Paris) consacre une vaste exposition jusqu’en mars 2024. Cette industrie culturelle naît dans les années 1870 de trois dynamiques : l’organisation d’une circulation internationale du courrier, les progrès de l’imprimerie et l’essor d’une économie du tourisme avec notamment la commercialisation de clichés photographiques. La carte postale connaît un engouement immédiat, et accorde une place croissante aux lieux de vacances, dans le sillage des premiers congés payés, puis du tourisme de masse des années 1960. Elle adopte alors son esthétique acidulée si caractéristique. Les catalogues évoluent en permanence : les éditeurs complètent leur offre et répondent aussi à la demande des revendeurs.