La chimpanzé Washoe apprend la langue des signes 1967, Reno

Le langage, non !

Les expériences des Gestaltistes avaient déjà montré les animaux capables de certaines performances intellectuelles comparables aux nôtres. Contrairement à ce que postulaient les comportementalistes, les grands singes ne se tirent pas d’une situation problématique avec de simples essais et erreurs, mais sont capables de s’arrêter après plusieurs essais infructueux, et de mettre en œuvre une stratégie radicalement différente. En d’autres termes, les singes aussi ont leur moment eurêka. Leur intelligence irait-elle jusqu’à leur permettre l’apprentissage du langage ? La réponse est non ! Avant la Seconde Guerre mondiale, des psychologues comme Luella et Winthrop Kellogg, ou Keith et Catherine Hayes, respectivement avec les chimpanzés Gua et Vicky, essaient de leur apprendre à parler, mais en vain.

Les signes, oui !

Peut-on leur apprendre la langue des signes, alors ? Cette fois, la réponse est oui ! Mais il y a un « mais ». Pour contourner les limitations physiologiques interdisant aux singes de parler, Beatrix et Allen Gardner, de l’université du Nevada, enseignent la langue des signes au chimpanzé femelle Washoe (1965-2007). Roger et Deborah Fouts, de l’université d’Oklahoma, prennent le relais en 1972. Washoe va parvenir à maîtriser 350 mots environ. Le « mais », c’est que la grammaire n’est pas son fort et surtout, que les conversations restent très concrètes, centrées sur l’ici et maintenant. Les singes qui apprendront à parler avec les mains ou en manipulant des objets en plastique s’intéressent peu à autrui, et présentent tous des difficultés apparemment insurmontables pour acquérir des capacités d’abstraction. Pas d’interrogation excessive sur la vie ou la mort, peu d’humour.

• Frans de Waal. Les Liens qui libèrent, 2016. • Jean-Pierre Jost. , 2014.