La Croix et les hiéroglyphes. Ecritures et objets rituels chez les Amérindiens de Nouvelle-France

Pierre Déléage, Rue d’Ulm / Musée du quai Branly, 2009, 154 p., 18 €
Lorsqu’en 1677, le missionnaire récollet Chrestien Leclercq prit contact avec les Indiens micmacs de Gaspésie (Canada), il ne parlait pas leur langue. Il résolut d’inventer une écriture spécialement dédiée à l’apprentissage et la remémoration des prières et textes liturgiques en langue locale établis par un prédécesseur. Son système logographique (un signe = un mot) connaîtra un franc succès auprès des Indiens. Pourquoi un tel détour plutôt qu’une alphabétisation d’emblée ? Côté ecclésiastique, on ne souhaitait pas que les Micmacs lisent autre chose que ces textes. Côté Indiens, il existait dans ce groupe une riche tradition pictographique, dont les logogrammes du père C. Leclercq peuvent être considérés plus proches dans l’esprit que ne l’est une écriture phonogrammatique (syllabique ou alphabétique). Elargissant le propos, P. Déléage éclaire ainsi plusieurs cas de syncrétismes pédagogiques qui ont marqué la conquête et la conversion des Amériques.