Que dire sur la délinquance des jeunes qui n'ait été déjà dit et redit ? Le nouvel ouvrage de Sebastian Roché, auquel l'on doit l'introduction en France des théories anglo-saxonnes sur le rôle des incivilités dans le sentiment d'insécurité, est pourtant original et ce, à double titre.
Plutôt que de partir des chiffres de la police et de la gendarmerie (dont le caractère discutable a été maintes fois souligné) ou des témoignages des différents « acteurs » peu ou prou concernés - travailleurs sociaux, policiers, magistrats... - l'auteur s'est appuyé sur les déclarations des principaux intéressés, les jeunes eux-mêmes, en exploitant l'enquête réalisée par le CNRS selon une méthode conçue aux Etats-Unis il y a une cinquantaine d'années mais encore peu utilisée en France. Au total, près de 2 300 jeunes âgés entre 13 et 19 ans, d'une centaine d'établissements des agglomérations de Grenoble et Saint-Etienne ont accepté de décrire par le menu détail les délits de toutes sortes (vols, agressions...) auxquels ils se sont livrés ou dont ils ont été victimes.