La dépression : le débat

Côté associations
« Parler de ses peines, c’est déjà se consoler »

Faire l’aveu, sur son lieu de travail, à ses proches, ou même, parfois, admettre soi-même que l’on souffre de dépression, c’est toujours prendre le risque de se sentir exclu, incompris, désavoué. Car, explique Nathalie Maunoury, responsable de l’association France Dépression, « À la différence d’autres pathologies comme le cancer ou le diabète, les personnes souffrant d’une pathologie psychique font souvent l’objet de stigmatisation, de mise à l’écart voire de méfiance de la part de leur entourage personnel et/ou professionnel. Une personne dépressive est considérée souvent comme manquant de volonté, se “laissant aller”. »

Même constat chez l’association SOS-Amitié, où, dans les faits, au moins 11 % des personnes qui s’adressent à elle sont déprimées et ont des idées suicidaires. Chaque année, l’association, qui regroupe quarante-cinq antennes régionales, de cinquante postes d’écoute téléphonique chacun, dont une dédiée à l’écoute par internet, reçoit près d’un million d’appels. Sur son site internet, SOS-Amitié met en exergue une phrase d’Albert Camus : « Parler de ses peines, c’est déjà se consoler. » Se confier lorsqu’on est rongé par la honte ou la culpabilité d’être dépressif ou quand on habite dans une petite ville ou un village et qu’on ne sait pas à qui parler, est parfois plus facile à faire de façon anonyme. Pour ceux qui peuvent se déplacer, chez France Dépression, outre la permanence téléphonique et en ligne tenue par des bénévoles, l’association organise des ateliers d’écriture, de tricot-lecture, de sophrologie*, de coaching et, trois fois par mois, des groupes de parole – deux pour les patients et un pour l’entourage. Point central dans le processus de rétablissement, fait remarquer Nathalie Maunoury, « des participants aux groupes de parole peuvent également adhérer à l’association et s’investir davantage en menant des actions de bénévolat. La participation à une association d’usagers a un effet thérapeutique non négligeable pour des patients ou ex-patients encore fragiles. Elle s’inscrit dans une démarche préventive contre les éventuelles rechutes, les hospitalisations voire le suicide. »