La Droite chrétienne américaine. Les évangéliques à la Maison-Blanche ?

Aux États-Unis, « la droite chrétienne a acquis un poids et une influence aussi considérables que surprenants : elle a pesé sur les élections et même fait la loi dans certains Etats ». Mais de quoi est faite cette droite chrétienne ? Cet ouvrage a pour objectif de dresser un premier panorama global, en français, de ce mouvement politique. Mokhtar Ben Barka définit la droite chrétienne comme « une coalition conservatrice, à dominante évangélique, réunissant une kyrielle de mouvements politico-religieux », regroupant 7 à 12 % de l’électorat états-unien. Phénomène majoritairement sudiste, ce kaléidoscope nationaliste, dont les porte-parole sont souvent des pasteurs (Pat Robertson, Jerry Falwell…), est soudé autour d’un objectif moral : sauver l’Amérique, réinjecter des valeurs dans une société dénoncée comme déliquescente. La droite chrétienne se sert du religieux pour étayer de multiples revendications politiques et sociales réactionnaires, contre le féminisme, la laïcité, l’homosexualité, l’avortement, l’évolutionnisme, l’interventionnisme étatique, l’islam ou le nouvel ordre mondial (que P. Robertson qualifie de « marxiste » et de « satanique »)… Ses prétentions sont universalistes, puisqu’elle estime que la Bible a vocation à régir la vie de tout un chacun, et messianiques : P. Robertson affirme ainsi que la droite chrétienne a pour mission de préparer « le monde au retour de Jésus-Christ ». Politique et fondamentalisme ne font pas bon ménage. Même si les différents présidents états-uniens, depuis 1980, ont su instrumentaliser ce mouvement afin d’assurer leur élection tout en ne satisfaisant que peu
de ses revendications, l’influence de cet électorat se fait sentir dans certains domaines, comme celui de la politique extérieure. La droite chrétienne, hantée par une vision eschatologique qui veut que le Christ ne revienne qu’une fois réinstauré l’Israël biblique, pèse ainsi sur la diplomatie de la Maison-Blanche.