A première vue, le titre semble excessivement polémique. Il serait pourtant dommage de passer outre, car l'analyse développée par Rosa Amelia Plumelle-Uribe est des plus stimulantes.
L'auteur, au fil d'une première moitié du livre, décrit les politiques de discrimination raciale qui légitimèrent, pendant plus de quatre siècles, des génocides dont l'ampleur reste inégalée (extermination des Amérindiens, déportation et esclavagisme des Noirs africains). Et de souligner que les politiques et législations, américaines ou européennes, firent que des « gens ordinaires », au demeurant bons chrétiens, assistèrent aux pires atrocités sans réagir.
Apparaissent, au fil de la démonstration, les termes récurrents aux analyses de la barbarie nazie. Et l'auteur de développer sa thèse : le nazisme n'est pas un fait isolé, mais l'aboutissement logique d'une idéologie de discrimination raciale longtemps défendue par les législateurs et les philosophes occidentaux. La seule différence reposait sur la nature des bourreaux et des victimes : Blancs contre Noirs et Amérindiens d'un côté ; Blancs « aryens » contre Blancs « non aryens » de l'autre.
Parmi de nombreux exemples étayant son analyse, citons-en un particulièrement édifiant, reposant sur la mise en parallèle de deux témoignages : Bartholomé de Las Casas, au xvie siècle, dénonçant un massacre d'Indiens improvisé par une escouade de soldats espagnols simplement désireux de tester le tranchant de leurs sabres ; et Eugen Kogon, survivant des camps nazis, rapportant un pari imbécile qui amena des officiers SS à ouvrir le feu sur des « untermenschen », pariant quelques bières sur qui serait capable de loger une balle dans la tête de telle ou telle cible.
La seconde partie de l'ouvrage traque les réminiscences de cette discrimination raciale dans l'actualité de ces cinquante dernières années : apartheid en Afrique du Sud, massacre d'Indiens en Colombie, ségrégation raciale aux Etats-Unis... Cette entreprise sera peut-être contestée, elle n'en restera pas moins salutaire.