La fin du monde est-elle pour demain ?

A mesure que l'on approche du deuxième millénaire, un nouveau champ de recherche ne cesse de prendre de l'ampleur outre-Atlantique : les « millennial studies ». Le spectre des phénomènes étudiés est particulièrement large puisqu'il va des multiples rassemblements organisés à travers les Etats-Unis dans la perspective de l'an 2000 aux peurs suscitées par l'an mil en passant par les discours écologistes ou encore les séries télévisées dans l'air du temps comme les X-Files. Les livres consacrés à l'un ou l'autre de ces thèmes se succèdent à un rythme rapide et déjà la littérature « millénariste » compte un classique : l'ouvrage de l'historien Paul Boyer, Quand le temps s'arrêtera, paru en 1992. Plusieurs séminaires ont été mis en place comme, par exemple, à l'université de l'Illinois ou de Californie. Celle de Boston a encouragé la création, en 1996, d'un des premiers centres de recherche spécialisée : le Center for Millennial Studies. A l'origine du projet : Richard Landes, un historien médiéviste, convaincu que les mouvements actuels (comme les Promise Keepers appelant à des rassemblements dans les grandes villes américaines, le 1er janvier de l'an 2000) vont entraîner des déceptions comparables à celles qui ont suivi l'an mil. Car, à la différence de maints confrères, Richard Landes considère que les mouvements liés au premier millénaire ont été amplement sous-estimés. « De manière générale, les phénomènes millénaristes se manifestent par bien d'autres canaux que l'écrit. C'est pourquoi les historiens, en privilégiant les grands textes, n'ont pas pris la mesure des peurs liées au premier millénaire et continuent à ne prêter qu'une faible attention aux mouvements actuels ». Le premier objectif que s'est assigné le centre est donc de constituer un fonds d'archives en collectant les livres, les revues spécialisées et les enregistrements d'émissions télévisées mais aussi en organisant des entretiens avec des adeptes. Il est aussi d'explorer régulièrement un milieu où les mouvements millénaristes contemporains ont élu domicile : Internet.