Depuis les tentatives pionnières de la Révolution, à Paris et à Strasbourg, jusqu’aux « séminaires laïques » des « hussards noirs » de la IIIe République, l’histoire de la formation des maîtres d’écoles en France se lit à travers le développement des écoles normales. Marcel Grandière en a écrit l’histoire institutionnelle, à partir des textes officiels qui ont balisé la mise en œuvre et la croissance de ces établissements. Il met notamment en évidence la permanence de deux problèmes qui préoccupent sans cesse les autorités concernées : l’équilibre entre le rôle de l’Etat et celui des notables locaux dans le contrôle des écoles, et les parts respectives de la pédagogie et des savoirs académiques dans la formation des instituteurs et des institutrices. Si la IIIe République a tranché en faveur de l’Etat, elle a en revanche eu bien du mal à trouver le point d’équilibre entre formation savante et formation pratique. En témoigne cette opinion de Georges Clémenceau dénonçant dans la formation des écoles normales « une science hâtive de manuel, (…) les niaiseries de l’ancienne scolastique, les mensonges de la philosophie officielle et d’informes données scientifiques sans coordination ». Outre un apport d’informations très précises, ce livre a donc le mérite de rappeler que la formation des enseignants n’a jamais été un long fleuve tranquille, même au temps de « l’école républicaine ».
Marc Olano