En adoptant un propos délibérément subjectif, Philippe Clément, infirmier en psychiatrie et anthropologue, offre dans cet ouvrage un regard critique, et révolté, sur l'institution psychiatrique. Au centre de ses interrogations se trouve le statut de sujet de celui dont on a décidé qu'il est un malade mental. Comment ne pas réduire le patient, et sa parole, à sa maladie ? Comment lui permettre d'exprimer sa douleur sans l'entendre comme un symptôme de sa pathologie ? Mais aussi, comment concilier soins et droits, lorsque bien souvent on soigne sans consentement, ou sous la contrainte ? Comment permettre à l'hôpital psychiatrique d'être réellement un lieu de soin, et non plus un lieu de surveillance ? Car il faut remarquer avec l'auteur qu'il faut attendre 1952 pour qu'une circulaire ministérielle le définisse comme tel.
Entre son expérience de terrain et une tentative de compréhension du système psychiatrique, P. Clément en arrive à une conclusion très pessimiste. Selon lui, le malade mental n'est qu'un objet, tant au sein de l'institution qu'à l'extérieur, un objet muet.