Favoriser dès le plus jeune âge la mixité raciale dans les relations d'amitié, telle serait la clef d'un respect mutuel à l'âge adulte. Qu'en est-il dans la réalité ? Quelle est la nature réelle de ces liens et qu'est-ce qui les favorise ? Le passage de l'enfance à l'adolescence est une période déterminante dans la construction identitaire. C'est aussi là que s'établissent les bases de la vie sociale. Une équipe de psychologues canadiens a sondé l'univers relationnel d'enfants et d'adolescents de races différentes. Leur comportement social apparaît d'abord sous l'influence des parents, qui transmettent une certaine qualité des rapports humains. Les psychologues remarquent ainsi que, dans les familles, les préjugés racistes, sans doute hérités du cercle familial, vont de pair avec les réflexes d'exclusion à l'école et la dévalorisation de l'autre. A l'inverse, le respect et l'ouverture d'esprit semblent associés à la multiplication des rapports multiculturels et à une bonne qualité des relations d'amitié... marquées par un sens aigu de l'égalité.
Dans tous les cas cependant, il faut noter que le melting-pot dans les relations enfantines reste une exception et diminue graduellement avec l'âge. Lorsqu'ils existent, ces liens d'amitié ne diffèrent pas dans leur nature, d'une amitié classique, sauf sur un point précis : le degré d'intimité y est plus faible. Pour les chercheurs, cette distance affective est déterminante. Elle expliquerait la fragilité de ces amitiés « croisées », et leur diminution au moment de l'adolescence. A ce moment en effet, le besoin d'intimité y est particulièrement fort, renforcé par la quête identitaire du futur adulte. Cette difficulté d'identification conduirait à l'effritement des liens interculturels tissés durant l'enfance.
Références
Frances E. Aboud, Morton J. Mendelson et Kelly T. Purdy, « Cross race peer relations and friendship quality », International Journal of Behavioural Development, vol. XXVII, mars 2003.