La gauche face à l'indépendance de la justice

Quand la gauche accède au pouvoir en 1981, elle entreprend de grandes réformes de la justice : suppression de la peine de mort et des tribunaux d'exception, élargissement des droits de recours... En explorant les archives de la présidence de la République de 1981 à 1983, l'historien Alain Bancaud montre pourtant que le pouvoir ne se privera pas durant cette période d'intervenir dans les affaires de la justice. Cette volonté de contrôle se manifeste dans la nomination des magistrats, dans l'exercice du droit régalien du chef de l'Etat (grâces, amnisties individuelles), ou encore par l'immixtion directe de la présidence dans les dossiers judiciaires. Ce système, conclut l'auteur, deviendra vite intenable à cause de l'aspiration des magistrats à plus d'indépendance : une aspiration paradoxalement encouragée par les réformes faites par la gauche.