La grande course des universités

La grande course des universités. Christine Musselin, Presses de Sciences po, 2017, 304 p., 19 €.

C’est la première fois que Christine Musselin, sociologue de l’enseignement supérieur et directrice scientifique de l’IEPParis, s’autorise un essai : en conclusion de son ouvrage, elle exhorte en effet les politiques à cesser la politique actuelle de regroupement forcé des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, « pendant qu’il est encore temps ».

La sociologue démontre en effet comment, « au nom d’un nécessaire ajustement avec le “modèle international” » conforme au classement de Shanghai, les réformateurs ont « réussi le tour de force de concevoir un système totalement singulier », qui ne nous permettra pas de briller dans la compétition internationale. Ce système est celui des comue (communautés d’universités et d’établissements), structures universitaires englobant toutes les autres (universités, grandes écoles et organismes de recherche) sur un territoire donné. C. Musselin déplore le fait que la construction de ces mégastructures repose sur des « croyances » partagées par tous les décideurs selon lesquelles, pour être compétitives, les universités devraient être « complètes, de taille suffisante et avec une gouvernance renforcée ». Or une étude rapide des lauréats du classement de Shanghai montre qu’aucun de ces trois critères n’est un prérequis.