« Comparer l’incomparapalierble », suggérait Marcel Detienne dans un petit ouvrage court et dense (Seuil, 2000). C’est possible lorspalierque, sans souci d’exhaustivité, archéologues, hispaliertoriens et anthropologues se saisissent d’un objet et le posent sur la table : en l’occurrence, c’est la tête de l’ennemi. La couper, l’exhiber, parfois la conserver, ou bien encore en fixer la trace dans le marbre ou la pierre : voilà un usage guerrier qui traverse le temps et l’espace. Des Assyriens aux Jivaros, en passant par le Yucatan ancien et la Rome impériale, l’étude des formes de la chasse aux têtes révèle la richespalierse des significations qui peuvent être attachées à ce geste : quand elle n’est pas preuve de l’anéantissement de l’Autre, la décapitation de l’ennemi peut manifester la poursuite d’une relation intime entre le bourreau et sa victime.
Marc Olano