La hiérarchie au Moyen Âge

En 878, le pape Jean VIII adresse une lettre de remontrances à Lambert, duc de Spolète, qui protège par la force des armes l’Etat papal des appétits de ses voisins. Sa conclusion est sans ambiguïté : même s’il dispose de la noblesse et de la force, Lambert est face au pape tel un enfant face à son père ; il lui doit obéissance et contrition. C’est par cette anecdote que Régine Le Jan, aidée de François Bougard, a introduit à Auxerre le quatrième volet d’une série de séminaires internationaux sur l’étude des élites au Moyen Age. Ces ateliers, qui se sont tenus précédemment à Marne-la-Vallée, Rome et Göttingen (Allemagne), s’insèrent dans toute une série de travaux qui visent à approfondir l’étude d’un champ longtemps laissé en friche : la hiérarchie médiévale. En filigrane de l’étude des structures sociales, les intervenants se sont penchés sur les processus qui amenaient un individu (in fine, c’est bien cet objet social-là qui est mis à contribution) à gravir, ou descendre, l’échelle sociale. Voire les échelles, puisque l’on va d’abord distinguer la hiérarchie céleste, celle des clercs, de la hiérarchie terrestre, celle des nobles, avant de fondre la société en une seule entité subsumée par l’Eglise.
Notons que plusieurs intervenants ont souligné l’importance du Pseudo-Denys, un penseur grec anonyme du Ve ou VIe siècle, qui influença nombre des auteurs médiévaux s’exprimant sur l’ordre social, du pape Grégoire le Grand (v. 540-604) à John Scot Erigène (IXe siècle).
L’étude de la postérité de l’œuvre de ce Pseudo-Denys, dans lequel Michel de Certeau voyait le « Hegel des temps anciens », ira-t-elle jusqu’à autoriser une nouvelle approche des mentalités de ces époques ? L’avenir le dira.