Un peu partout au sein de l'Union européenne, on assiste à une « territorialisation » des politiques de l'emploi, en ce sens qu'elles impliquent davantage les collectivités et les acteurs locaux et remettent en cause le monopole des services publics de l'emploi sur le marché du travail. Et la France paraît à son tour gagnée par cette tendance. En témoignent la généralisation des plans d'action locaux et autres Plie (plans locaux d'insertion dans l'emploi), ou encore la prise en charge par les régions des actions de formation des jeunes non qualifiés.
Ce mouvement reste cependant faible comparativement à d'autres pays. En France, l'Etat central conserve la maîtrise des instruments financiers et réglementaires. Les collectivités territoriales ne sont pas systématiquement associées à la conception des programmes gouvernementaux (comme les emplois jeunes ou le programme Trace). Pour le Centre d'études de l'emploi (Cep), les limites que rencontre la territorialisation des politiques de l'emploi en France ne s'expliquent pas seulement par le poids d'une tradition centralisatrice des administrations ni par la difficulté d'articuler les diverses échelles de l'action publique (régionale, départementale, infradépartementale, communale...). Elles découlent aussi d'une faible implication des partenaires sociaux (syndicats et entreprises). Si ces derniers ont contribué à la mise en place des institutions nationales dans les années 50-60 (Unedic, ANPE et Afpa), ils leur restent à inventer des formes de régulation « infranationales », c'est-à-dire plus proches du terrain.
Références
H. Bartoli, « La mondialisation doit être gouvernée », Revue Quart-Monde, n° 175, sept. 2000 ; H. Dumez et A. Jeunemaître, « Comprendre la globalisation », La Gazette de la société et des techniques, n° 4, sept. 2000.