« Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon église. » Si tout le monde connaît ce passage de l'Evangile selon Mathieu, on s'interroge rarement sur le jeu de mots qu'il permet en français. De quelle église parle Jésus ? De l’Eglise comme institution de la chrétienté ou de l’église comme bâtiment ? Cette confusion sémantique amalgame le contenant (bâti) et le contenu (institutionnel). Si l’Eglise médiévale manifeste son existence dans la pierre de cathédrales qui se feront de plus en plus monumentales, n’est-ce pas pour mieux imposer une nouvelle lecture des Evangiles ? Ceux-ci incitaient pourtant les hommes à renoncer aux magnificences terrestres. Un « scandale » que résumait très justement l’exégète Alfred Loisy : « Jésus annonçait le Royaume et c’est l’Eglise qui est venue. »
De Mathieu ou de A. Loisy, Dominique Iogna-Prat aurait pu inscrire n’importe laquelle de ces deux citations en épigraphe de cet ouvrage aussi monumental que son sujet. L’auteur s’est fixé comme programme de « reconstituer les grandes étapes de la conception que les clercs se sont faites de l’église-bâtiment dans le cadre d’une réflexion sur l’Eglise-communauté », entre les années 800 et 1200. En d’autres termes, montrer comment cet « investissement tardif de l’édifice (ne fait que) traduire les besoins d’une institution – l’Eglise – qui n’a plus rien à voir avec le Royaume annoncé par le Christ, et dont la vocation est d’encadrer les fidèles ici-bas pour mieux leur construire une demeure dans l’au-delà ». Dans cette optique, l’église est surtout affaire de territoire, et le bâtiment invite à questionner le rapport que les hommes du Moyen Age entretenaient avec l’espace et le pouvoir. Un certain nombre de recherches de médiévistes alimentent aujourd’hui ce chantier. Gageons que cet ouvrage figurera bientôt parmi les pierres angulaires de l’édifice.
De Mathieu ou de A. Loisy, Dominique Iogna-Prat aurait pu inscrire n’importe laquelle de ces deux citations en épigraphe de cet ouvrage aussi monumental que son sujet. L’auteur s’est fixé comme programme de « reconstituer les grandes étapes de la conception que les clercs se sont faites de l’église-bâtiment dans le cadre d’une réflexion sur l’Eglise-communauté », entre les années 800 et 1200. En d’autres termes, montrer comment cet « investissement tardif de l’édifice (ne fait que) traduire les besoins d’une institution – l’Eglise – qui n’a plus rien à voir avec le Royaume annoncé par le Christ, et dont la vocation est d’encadrer les fidèles ici-bas pour mieux leur construire une demeure dans l’au-delà ». Dans cette optique, l’église est surtout affaire de territoire, et le bâtiment invite à questionner le rapport que les hommes du Moyen Age entretenaient avec l’espace et le pouvoir. Un certain nombre de recherches de médiévistes alimentent aujourd’hui ce chantier. Gageons que cet ouvrage figurera bientôt parmi les pierres angulaires de l’édifice.