Identifiée dès l’Antiquité comme un dérèglement des humeurs, désignée aujourd’hui comme dépression, la mélancolie a nourri l’imaginaire des médecins, des philosophes, des écrivains et des artistes.
La bile noire, la bile jaune, le flegme et le sang : telles sont, selon Hippocrate, les quatre humeurs présidant aux tempéraments humains, correspondant aux quatre éléments majeurs constituant notre corps (air, feu, eau, terre) et dotés de qualités propres (chaud, froid, sec, humide). A chaque tempérament sont associés une planète et une saison, par exemple Saturne et l’automne pour la mélancolie due à la bile noire. C’est l’une des bases de la médecine antique, et un parallèle peut être dressé avec certains principes de la médecine chinoise.
La mélancolie serait le propre des êtres de génie dont la folie triste emporterait tout sur son passage, pour mieux transcender les états de crise et laisser place ensuite à la lumière de la création. Aristote voyait la mélancolie comme une « maladie sacrée ». Loin d’être une pathologie associée à la dépression comme à l’époque moderne, la mélancolie antique est une forme « d’utopie révolutionnaire », rappelle Jean Clair dans Mélancolie : Génie et folie en Occident (Paris, 2005).