René Descartes raconte que, durant la nuit du 10 au 11 novembre 1619, il fit trois rêves qui allaient changer le cours de sa vie. Le jeune homme, alors âgé de vingt-trois ans, a fait halte dans un petit village sur les bords du Danube (Allemagne). Il est en garnison avec les troupes du duc de Bavière, qu’il a rejointes un peu plus tôt. Alors que ses compagnons d’armes passent leurs soirées ensemble à boire et bavarder, lui a préféré s’enfermer dans une petite chambre d’auberge. Là, il lit, étudie, prend des notes. Depuis la fin de ses études de droit, il s’est lancé dans l’exploration des mathématiques. Il y excelle. Les mathématiques lui offrent une nouvelle façon de voir le monde. La rigueur mathématique n’est-elle pas un instrument infaillible pour atteindre des vérités universelles et incontestables, mettre fin aux dogmes anciens, repenser le monde et s’en rendre maître ?
Penser le monde à l’aide du seul instrument de la raison : voilà son but. Voilà à quoi il doit s’employer. Une révolution mentale est en cours et lui doit en être le principal artisan. Il s’endort, l’esprit en ébullition. Commence alors son premier rêve. Il marche dans la rue. Un vent violent le pousse contre un bâtiment. Il s’agit du collège jésuite de La Flèche, là où il a fait ses études de 1606 à 1614. Il entre et rencontre un homme qui l’appelle par son nom. On lui propose un melon… Descartes se réveille. Ce rêve l’intrigue. Il passe deux heures à méditer. Puis se rendort. Débute alors le deuxième rêve : il se trouve dans une pièce où, après un coup de tonnerre, la foudre fait descendre sur lui comme une pluie d’étincelles. Il se réveille une seconde fois, puis se rendort de nouveau. Vient alors le troisième rêve où il est question d’une encyclopédie, et où un personnage apparaît, un poète.