Inauguré en avril dernier, le pavillon des sessions au musée du Louvre rassemble 140 pièces d'art « primitif ». Une partie de la collection a été sélectionnée au musée de l'Homme, l'autre est constituée par de nouvelles acquisitions. Cette exposition constitue une première étape avant l'ouverture en 2004 du musée du quai Branly, qui viendra remplacer l'actuel musée de l'Homme.
A l'origine de ce projet, le président de la République Jacques Chirac, et Jacques Kerchache, collectionneur et marchand d'art. Le choix de la collection a déjà opposé les marchands d'art et les ethnologues, les premiers mettant en avant des critères esthétiques, les autres voulant davantage prendre en compte le contexte de fabrication de ces objets : les techniques mises en oeuvre, leur fonction au sein d'une société et l'intérêt qu'ils représentent dans la connaissance de l'« Autre ». Dans un article au titre provocateur, « Faut-il brûler les musées d'ethnographie ? » Jean Jamin rappelle l'ambition de Georges-Henri Rivière et de Paul Rivet, à l'origine du musée de l'Homme, selon laquelle « le musée d'ethnographie devait moins servir à former le goût qu'à le déformer pour cultiver la sensibilité et aiguiser la réflexion sur la condition humaine ». Même si les plans du nouveau musée sont prêts, les conflits entre les marchands d'art et les ethnologues ne semblent pas terminés.
Références
J. Jamin, « Faut-il brûler les musées d'ethnographie ? », Revue Gradhivha, n° 24, 1999.