La neuroéconomie

Sacha Gironde, Plon, 2008, 228 p., 19 €

En 2002, le prix Nobel d’économie était attribué à Vernon Smith, économiste de son état. Jusque-là, rien d’anormal. Mais son corécipiendaire, Daniel Kahneman, lui, était psychologue, ce qui fait plus inattendu. Tous deux se sont distingués en étudiant expérimentalement le rôle des émotions dans la prise de décision en matière de transactions financières.

Le modèle classique de la rationalité économique, supposant l’optimisation du profit grâce à des estimations purement rationnelles, présente en effet de nettes insuffisances. Encore peu développée en France, la neuroéconomie, conjonction de la psychologie, de l’économie et de l’imagerie cérébrale, s’efforce de cerner les mécanismes méconnus de notre comportement lors de jeux d’échanges monétaires. Les observations sont souvent surprenantes. Ainsi, récompenser monétairement un partenaire financier loyal ou, s’il nous a floué, le punir (quitte à y laisser des plumes), sollicite les mêmes aires cérébrales, dont on peut penser qu’elles veillent au respect de normes sociales de réciprocité. Et loin de profiter de l’aubaine, ledit partenaire a tendance à se montrer plus coopératif s’il perçoit que nous lui accordons une confiance aveugle.