Le stress à l’école : un sujet désormais récurrent, quasi à égalité de notoriété avec le stress en entreprise. Et si les enfants en sont les premières victimes, leurs parents ne sont pas en reste. Tour d’horizon d’une souffrance parentale contagieuse et pourtant sous-estimée.
Le stress de la rentrée puis, très vite, des portes qui claquent, des cahiers qui volent, des cris et des crises, la culpabilité qui monte, enfin le divan du psy : voilà à quoi ressemble l’année scolaire de bien des parents. Car eux aussi trimballent dans leur cartable des kilos d’angoisses scolaires en tout genre, qui menacent parfois sérieusement l’équilibre familial ! « La scolarité de ma fille Anna, en classe de Seconde, me rend malade », confie Myriam. Comme ses résultats sont très moyens, je passe des heures à refaire les cours, à tout reprendre avec elle, parfois même à faire son travail à sa place, surtout les exposés. L’idée que ma fille puisse redoubler m’est insupportable et chaque note en dessous de la moyenne me rend hystérique. Je hurle, je lui dis des horreurs. Après, je culpabilise… mais le lendemain ça recommence. C’est un sujet d’engueulade perpétuel avec son père, qui ne comprend pas que les résultats scolaires de ma fille puissent me mettre dans un tel état. Moi, ce que je ne comprends pas, c’est que lui, son avenir ne l’affole pas plus que ça ! »
L’histoire de Myriam paraît exceptionnelle ? Elle ne l’est pourtant pas. Nathalie, maman de Charlotte, élève de 4ème, a récemment réalisé que le stress scolaire de sa fille était en fait le sien : « Depuis quelques mois, Charlotte n’arrivait plus à s’endormir, surtout le dimanche soir. Elle avait des idées morbides, pleurait, me disait qu’elle n’était bonne à rien, qu’elle n’y arriverait jamais. Très inquiète et incapable de la rassurer, je suis allée consulter avec elle un pédopsychiatre. Le verdict a été sans appel : j’avais fait de l’école, qu’elle aimait jusque-là, un challenge qu’elle se sentait d’un coup incapable de relever. Et comme elle avait peur de me décevoir, elle était en train de sombrer en dépression pour m’appeler au secours. Sur le coup, je n’ai pas bien compris. Puis, en y réfléchissant, j’ai réalisé le basculement : j’avais été licenciée un an plus tôt, je m’étais du coup super investie dans la scolarité de ma fille et ce que je croyais être de l’aide et des encouragements étaient en fait une pression insupportable pour elle. C’était inconsciemment ma propre peur de l’avenir que je lui faisais porter ». Alain et Béatrice, quant à eux, se déchirent et se rejettent la faute en permanence devant les difficultés d’apprentissage du langage de leur fils Samuel, somme toute bien anodines, mais qu’ils ne s’expliquent que par « forcément » ce qu’ils appellent une « faiblesse génétique d’un côté ou de l’autre » !