Que désigne-t-on par « nouvelle économie » ?
Lorsqu'elle apparaît, pour la première fois, en couverture du magazine américain Business Week, en 1996, l'expression « nouvelle économie » (new economy) sert alors à désigner le boom que connaît l'économie américaine depuis les années 1992-1993 1 sur fond d'euphorie boursière et de révolution technologique. Depuis, la croissance, créatrice de nombreux emplois s'est poursuivie à un rythme accéléré pour atteindre une moyenne de 4 % l'an (soit presque autant que la France durant les Trente Glorieuses).
Plus étonnant : cette croissance ne s'accompagne pas de poussées inflationnistes, la bête noire des gouvernants. Or, qui dit création d'emplois dit regain de consommation et donc renchérissement des biens et services. La nouvelle économie désigne donc d'abord cela : une nouvelle croissance, nouvelle parce que sans inflation. Des économistes n'ont pas manqué de faire observer que cette nouvelle ère de croissance correspondait à une phase normale dans l'évolution cyclique de l'économie américaine, et que des taux comparables avaient été observés par le passé (dans les années 20 et 60). Aussi contestent-ils l'idée que la nouvelle économie soit si nouvelle que cela.
L'expression n'en a pas moins fait mouche et connu un succès sans précédent depuis... la « mondialisation » apparue dans les années 80. Au point de revêtir d'autres significations. Schématiquement, on distingue deux visions, l'une étroite, l'autre large.
Au sens étroit, la nouvelle économie se confond avec la net-économie, le secteur censé être à l'origine de la nouvelle croissance : Internet et les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), incarnées par de nouvelles entreprises (les Amazon.com, Yahoo et autres Cisco), le Nasdaq (le marché des valeurs de croissance, fondé en 1971), l'e-commerce, l'e-business et bien d'autres e-quelque chose. Parce qu'elles se caractérisent par un rythme élevé d'innovations technologiques, on y ajoute parfois les biotechnologies. Par contraste, on relègue à l'économie des « bricks and mortar » (briques et mortier) les entreprises productrices de biens matériels. Cette distinction est de plus en plus contestée, en raison de l'interpénétration tant technologique que capitalistique entre l'économie « traditionnelle » et la nouvelle : les NTIC se diffusent dans tous les secteurs, tandis que nombre de start up sont rachetées par de « vieilles » sociétés. Aussi certains prônent-ils de parler plutôt d'économie du «clic and mortar ».