La pauvreté en France

Protéiforme, la pauvreté touche plusieurs millions de personnes en France. Comment se manifeste-t-elle ? Quelles sont les personnes concernées ? Quelles aides apportent l’État et les associations ?

Combien de personnes sont concernées ?

Différentes méthodes sont employées pour mesurer la pauvreté. Elles portent principalement sur les ressources monétaires et les conditions de vie.

La méthode la plus classique, en France, traite de la pauvreté à partir d’un seuil monétaire qui est fonction de l’ensemble des niveaux de vie. On dit que la méthode est « relative » puisque la mesure dépend de toutes les situations. Le seuil le plus souvent utilisé est à 60 % du niveau de vie médian, soit en 2016, un peu plus de 1 000 euros par mois. 14 % de la population vivant en France est, de la sorte, comptée comme pauvre, ce qui représente environ 8,5 millions de personnes.

Des experts préfèrent des seuils à 50 % ou à 40 % du niveau de vie médian, ceci délimitant une pauvreté plus réduite mais plus intense 1. Avec un seuil à 40 %, le taux de pauvreté est de 4 % et 2 millions de personnes sont pauvres. Avec celui à 50 %, 5 millions de personnes sont pauvres (le taux de pauvreté est à 8 %).

Une autre méthode a trait aux conditions de vie. Avec une liste de biens et services jugés nécessaires (téléviseur, vacances, sanitaires dans l’habitation, etc.), on mesure la proportion des ménages qui ne disposent pas de ces éléments. Les personnes composant ces ménages sont dites pauvres en conditions de vie. En 2016, 12 % des Français sont dans cette situation.

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Les experts distinguent également une pauvreté « administrative ». Sont pauvres les personnes qui bénéficient, ou qui devraient bénéficier, des prestations visant à atténuer la pauvreté (principalement les minima sociaux de type revenu de solidarité active – RSA). Fin 2016, on compte plus de 4 millions d’allocataires, ce qui représente, avec les conjoints et les enfants, plus de 11 % de la population française.

Une autre approche, encore, consiste à évaluer la pauvreté « absolue ». Pour mesurer la pauvreté dans le monde, les institutions internationales utilisent ainsi un seuil fixe, établi à moins de 2 dollars de pouvoir d’achat par jour. La Banque mondiale et le FMI ne comptent aucun pauvre en France, avec cette mesure d’un total dénuement. Mais des situations de ce type sont tout de même repérables.

Une dernière approche de la pauvreté, appelée pauvreté « ressentie » consiste à demander directement aux gens s’ils se considèrent comme pauvres, ou s’ils considèrent avoir vécu, au cours de leur vie, une telle situation. Les résultats sont généralement édifiants. En 2018, selon un baromètre Ipsos/Secours populaire, plus de la moitié des personnes interrogées estiment être en situation de pauvreté actuellement ou bien avoir déjà connu une telle situation. Elles n’étaient que 30 % en 2009.


Les Français entre compréhension et méfiance

Chaque année, l’enquête « Conditions de vie et aspirations des Français » du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) interroge les Français sur leurs représentations de la pauvreté. Ils sont toujours largement majoritaires à considérer que cette situation procède plutôt du manque de chance que du manque d’efforts. Ils estiment que le fait d’être pauvre n’est pas une responsabilité personnelle.

Les Français sont également interrogés sur l’action des pouvoirs publics. Il s’agit de savoir s’ils pensent que, face à la pauvreté, les pouvoirs publics ne font pas assez, font le nécessaire, ou en font trop. En 2017, 33 % des personnes interrogées estiment que les pouvoirs publics font le nécessaire, 48 % disent qu’ils ne font pas assez et seulement 17 % pensent qu’ils en font trop. Mais les enquêtés demandent un contrôle accru des bénéficiaires des prestations sociales et s’inquiètent des éventuels effets pervers de certaines d’entre elles, notamment en termes de désincitation au travail.