La pensée au fil des siècles

La pensée française est volontiers présentée par tranches intellectuelles : il y aurait l’âge de la découverte de la raison, puis les Lumières, période de rayonnement français s’il en est, avant un XIX^e siècle contrasté, aussi rêveur que positiviste, puis un XX^e siècle chahuté par les catastrophes mondiales, où le savoir et l’engagement vont de pair, parfois au détriment de toute sagesse.

Plus modestement, nous avons tenté de raconter ici une histoire éparse, divisée en périodes d’inégales longueurs et d’inégales brillances.

La pensée française passe généralement pour cartésienne : raison et clarté de langue seraient l’essence d’une tradition ininterrompue depuis cinq siècles. En réalité, des scientistes côtoient des poètes ; des défenseurs de la subjectivité des chantres de l’objectivité, les objets d’études sont divers autant que les pensées. L’itinéraire, qui va de Montaigne à nos contemporains, n’a rien de rectiligne.

Cette histoire est aussi celle des figures successives de l’acteur : philosophe, savant, intellectuel, puis chercheur au XX^e siècle, le mouvement est celui d’une spécialisation galopante, et d’un écart croissant entre sciences et philosophie.

Enfin, c’est surtout celle des hommes, et de leurs vies étonnamment diverses. Montaigne se retirant dans son pigeonnier, Saint-Simon se jetant dans les affaires, Claude Lévi-Strauss écrivant une tragédie au bord de l’Amazone sont habités par le même appétit de faire une œuvre. Ils y parviendront parce qu’ils savent s’adresser à leur époque, voire à celles qui suivront. Écoutons-les.