La Pensée métisse

Serge Gruzinski, Fayard, 1999.
1999 Serge Gruzinski

Parler aujourd'hui de « métissage culturel », pour en célébrer les vertus, ou pour redouter une uniformisation culturelle, laisse supposer au préalable que les cultures soient « pures », clairement séparées et fixées sur leurs traditions. L'histoire montre pourtant qu'il n'y a pas de cultures « authentiques ». Le mélange et l'hybridation ont toujours existé, explique l'historien Serge Gruzinski dans La Pensée métisse. L'acculturation, l'adoption par un groupe d'éléments de culture différente, est un phénomène universel et constitutif des cultures, source d'émulation et de créativité. L'analyse de Gruzinski porte principalement sur le Mexique après la conquête espagnole, moment d'intense brassage interculturel. Deux populations, espagnole et indienne, que tout séparait, ont su alors composer au point d'imbriquer leurs deux imaginaires artistiques. L'inspiration indienne (fresques des couvents, chants, fêtes à la mode européenne, plan des villes) devenant indissociable de l'influence occidentale.