« Si le Juif n’existait pas, l’antisémite l’inventerait », écrivait Jean-Paul Sartre dans Réflexions sur la question juive (1946). Autrement dit, la persistance de la question juive n’est pas due au Juif, mais à l’antisémite. Faisant écho à cette analyse, Joseph A. Massad explique comment la persistance de la question palestinienne est elle aussi attribuable à l’antisémitisme. Mais, désormais, le Sémite, c’est uniquement l’Arabe. J.A. Massad montre en effet comment le sionisme s’est historiquement construit sur une double et paradoxale opération : d’un côté, il a affirmé la thèse que les Juifs modernes sont les descendants des Hébreux historiques et que la Palestine est leur ancienne patrie vers laquelle il leur faut retourner ; d’un autre côté, il a tout fait pour identifier les Juifs aux Européens sur un plan culturel. Par ce double mouvement, le Palestinien d’aujourd’hui s’est vu affublé des traits qui servaient autrefois à décrire le Juif d’Europe. La persistance de la question palestinienne ne serait ainsi que la conséquence du mépris des Israéliens et des Occidentaux.
La persistance de la question palestienne
Joseph A. Massad, La Fabrique, 2009, 104 p., 12 €