La phrénologie roule sa bosse 1796, Vienne

Des globules aux protubérances

Avec Mesmer, Franz Joseph Gall (1758-1828) est l’autre médecin viennois capital pour la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe. Frais émoulu de la faculté de médecine de Strasbourg, il devient médecin-chef de l’hôpital viennois des sourds-muets et s’impose rapidement comme un as de la dissection. En explorant l’architecture complexe de ce qu’on appelle aujourd’hui le système nerveux central (cerveau et moelle épinière), il se construit de la personnalité humaine une vision innéiste, et dans une large mesure déterministe. Ayant cru remarquer que les gens aux yeux globuleux bénéficient d’une meilleure mémoire verbale, il prend toutes sortes de mesures crâniennes sur toutes sortes de gens, philosophes comme assassins, ouvriers ou poètes, dans les tavernes, les prisons, les salons, exécutant même, si possible, des moulages en plâtre (il moule aussi des têtes de cadavres dont il a pris soin de raser la chevelure, avec la bénédiction du ministre de la Police). En 1796, fort de l’observation de centaines de spécimens, il enseigne à son domicile la crânioscopie (nom primitif de la phrénologie), fondée sur la mise en relation des protubérances crâniennes et des capacités humaines.

• Franz Joseph Gall, (trois volumes, 1822-1825). L’Harmattan, 2006. • Marc Renneville, . Les Empêcheurs de penser en rond, 2000. rs. Tallandier, 2009.