La population française va-t-elle encore augmenter ?

Depuis plusieurs dizaines d’années, le nombre d’habitants augmente. Cette tendance pourrait bientôt s’inverser.

Depuis dix ans, l’accroissement annuel de la population française est de plus en plus faible. En 2004, le gain avait atteint presque le demi-million. Il a été réduit de moitié avec 240 000 habitants supplémentaires l’an passé. Si l’on prolonge directement la tendance, la population commencerait à diminuer vers 2026. Cependant, les évolutions démographiques ne sont pas régulières. Ainsi, entre 1993 et 1998, la croissance a été plus faible qu’actuellement. Les prévisions de population, appelées « projections », ne procèdent donc pas par simple extrapolation mais prennent en compte le niveau attendu de la fécondité, de la mortalité et des migrations. D’une année à la suivante, les naissances sont ajoutées à la population, les décès retranchés et le solde migratoire, ajouté ou retranché selon qu’il est positif ou négatif. Avec cette méthode, les dernières projections de l’Insee (qui remontent à 2010) prévoient une progression soutenue de la population qui atteindrait 67,3 millions en 2025 et 73 millions en 2050. Les projections plus récentes effectuées par les Nations unies abaissent le chiffre de 2050 à 71,7 millions. Aucune ne prévoit de diminution aussi loin s’aventurent-elles.

Ces projections ne sont cependant guère plus fiables que les simples extrapolations quand elles concernent le futur assez lointain. Il est facile de le montrer en consultant les prévisions passées de la population française effectuées par l’Insee et par les Nations unies. En 1990, les deux institutions prévoyaient pour 2025 une stabilisation à 60,5 millions, en 1994, elles relevaient légèrement leur estimation à 61,6 millions, puis s’enhardissaient en 2004 jusqu’à 63 millions avant de tabler sur 67 millions dans leurs dernières projections. L’écart est encore plus étendu pour l’année 2050. En 1994, les Nations unies prévoyaient à cette date 60,5 millions d’habitants en France, et en 2010, elles montaient le chiffre à 73 millions, soit une variation de 20 % du total. La raison principale de la fluctuation des prévisions vient de la complexité des évolutions de la fécondité, de la mortalité et des migrations. Avant de les chiffrer et de calculer les niveaux de population qui en résultent, il est donc utile de discuter les changements qualitatifs possibles des trois composantes de la croissance démographique.