La prévention des TCA : tout faux ?

La prévention des TCA est actuellement insuffisante, voire contre-productive ! Heureusement, les idées innovantes existent...

Il y a près d’un an, Le Cercle Psy relayait l’appel de l’Association française pour le développement des approches spécialisées des TCA (AFDAS-TCA), demandant que les TCA deviennent une priorité en matière de santé publique formalisée dans un plan national (voir Le Cercle Psy hors-série n°3). Depuis, les avancées restent minimes. Surtout en matière de prévention qui, loin d’un plan vaste et coordonné, se résume pour les pouvoirs publics à quelques sanctions pénales pour incitation à la maigreur excessive. Du côté de l’AFDAS-TCA, le message est clair : « La prévention doit se développer de manière active et ne pas se limiter à un positionnement autour d’une lutte de type pénal (…). L’incitation à la maigreur, véhiculée par les médias, ne saurait être considérée comme le seul facteur environnemental favorisant les TCA, pathologies multifactorielles répondant d’abord à une vulnérabilité individuelle. »

Maître de conférences en Psychologie à l’université Pierre Mendès-France à Grenoble, Rebecca Shankland 1 travaille depuis plusieurs années sur les manières d’optimiser la prévention des TCA. Elle pointe la faiblesse des quelques interventions mises en place : « Actuellement, des actions ponctuelles sont réalisées à la demande des établissements scolaires, souvent après un malaise ou une hospitalisation d’une élève atteinte de TCA, afin d’informer des risques encourus par les régimes et par les pratiques de purge telles que les vomissements ou la prise de laxatifs, ainsi que des risques liés à l’excès d’activité physique. Mais ces interventions sont peu efficaces et peuvent même avoir un risque incitatif : des recherches ont montré qu’il y avait plus de cas de troubles alimentaires dans les classes qui avaient bénéficié d’une intervention de prévention des troubles alimentaires que dans les autres. » Parler d’un comportement problématique peut générer de la fascination ou encore amener les jeunes à penser qu’ils se trouvent à un âge où ils devraient avoir déjà testé ledit comportement puisqu’on vient leur en parler… Et si le temps était venu de réinventer la prévention des TCA ?