Quand sont apparus les professionnels de la politique ? Faire de la politique, est-ce un métier comme un autre ? Pourquoi les hommes politiques se recrutent-ils le plus souvent dans l'avocature, le journalisme ou la haute fonction publique, et de moins en moins parmi les ouvriers ou les agriculteurs ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles se proposent de répondre Michel Offerlé et une dizaine d'autres spécialistes, à partir d'ana-lyses à la fois sociologiques et historiques.
Dans cette double perspective, la compétition entre des hommes (et quelques femmes), vivant pour et de la vie politique, apparaît comme le résultat d'un processus à la fois séculaire et laborieux, directement lié à l'extension du suffrage universel. S'appuyant sur la sociologie des professions, maintes contributions soulignent par ailleurs les analogies pouvant exister avec d'autres groupes professionnels (les professions libérales), mais également ses particularités. A commencer par le flou qui continue à entourer son exercice du fait de sa pratique intermittente, mais également des « stratégies de dénégation identitaire de tous ceux qui, tout en présentant les critères les plus évidents d'appartenance, préfèrent se dire toujours de simples militants » (M. Offerlé).
Si certaines professions prédisposent plus que d'autres à une carrière politique, la profession exercée antérieurement n'explique pas tout. Car, comme l'explique encore M. Offerlé, un médecin qui embrasse une carrière politique « n'est plus du tout médecin, il n'est plus désormais soumis au jugement de ses pairs du corps (voire de ses patients) mais il l'est à celui des participants à l'espace politique (voire à celui de ses électeurs...) ».