Au début des années 2000, Le Livre noir de la psychanalyse comme le rapport INSERM sur les psychothérapies s’étaient fait fort de démontrer l’inefficacité thérapeutique de la psychanalyse. Les auteurs du Livre noir s’appuyaient notamment sur une série d’archives pour démontrer que les cas de guérison mentionnés dans les textes de Freud n’étaient que mensonge. Freud aurait, disent-ils, menti concernant : ses études cliniques, son matériel clinique, ses résultats thérapeutiques, le contenu des séances. Décriée sur le plan méthodologique et épistémologique, la psychanalyse serait, disent-ils, totalement inefficace, contrairement aux thérapies cognitivo-comportementales. « Révolution intérieure ». « Réforme morale ». « Sauvetage ». « Libération ». « Soulagement intense » sont pourtant les mots employés par ceux qui ont entrepris une traversée analytique et disent en avoir retiré des bienfaits. Plus que d’une guérison, ils font souvent état d’une transformation profonde de leur existence. Pour d’autres, qui l’ont testée, cette méthode est, disent-ils, totalement inefficace. Parmi les reproches adressés à l’analyse par ceux qui ont commencé une cure mais l’ont arrêtée en route, on trouve souvent une plainte ou un reproche articulé autour du fait que le résultat escompté n’est pas arrivé assez tôt. Ces analysants-là émergent un jour d’une séance avec la sensation désagréable d’avoir « moisi » sur le divan de tel ou tel analyste pendant des années, sans remarquer pour autant dans leur vie les transformations espérées. Faut-il alors s’en plaindre à son analyste ? Certains patients décident de n’en rien dire et continuent – il faut alors se demander pourquoi – à s’ennuyer en séance, tout en se plaignant, à qui veut l’entendre, des insuffisances de leur analyste. D’autres, quand ils osent dire à leur analyste qu’ils sont mécontents car ils sont venus pour soigner tel ou tel symptôme, mais que le symptôme est toujours là, s’entendent parfois répondre que si un symptôme disparaît trop vite, c’est… une résistance à la cure.
Seulement voilà : il arrive qu’on commence une analyse parce qu’on va mal, voire même très mal. On vient de rater l’opportunité professionnelle de sa vie parce qu’on a une phobie de l’avion et que ce travail impliquait des déplacements à l’étranger chaque mois. On a perdu un membre de sa famille et on ne s’en relève pas. On saccage son corps à coups de troubles du comportement alimentaire massifs. On se sent harcelé au travail par un collègue. On vient de vivre la rupture sentimentale de trop… Autant d’urgences qui font que la traversée au long cours, sur des années, proposée par l’analyse, semble inconcevable. Raison pour laquelle toute une catégorie de personnes préférera alors se tourner vers des thérapies brèves type TCC, centrées sur la disparition rapide du symptôme.