La psychosomatique : vers l'union du corps et de l'esprit

Dans l’approche psychosomatique, l’esprit (psyché, en grec) et le corps (soma) ne font qu’un : voilà pourquoi les troubles physiologiques et psychiques ne peuvent être dissociés dans la compréhension et la guérison des maladies.

Le terme de psychosomatique apparaît autour de 1815 en Allemagne, avec Johann Christian August Heinroth (1773-1843). Ce psychiatre et conférencier s’inscrit dans le courant romantique, qui affirme que les causes psychiques inconscientes engendrent de graves désordres mentaux, et qu’il faut considérer chaque patient comme un cas spécifique. Heinroth introduit la notion de facteur psychique dans la causalité des maladies organiques, en décrivant notamment l’influence des passions sur la tuberculose, l’épilepsie et le cancer, donnant ainsi à ce terme sa connotation médicale. Son approche s’inscrit dans la « doctrine vitaliste » définie par l’école de médecine de Montpellier, selon laquelle il existe en tout individu un principe vital, par opposition à la « vision mécaniste » du corps élaborée entre autres par Galilée et Descartes.

Mais c’est bien plus tard que la médecine psychosomatique se constitue en tant que telle. Ainsi, en 1926 , Felix Deutsch (1884-1964), psychiatre et psychanalyste allemand, doyen de la faculté de médecine de Vienne, prononce une conférence dans laquelle il insiste sur « la nécessité de réviser les théories jusque-là à l’œuvre concernant les rapports entre le psychisme et l’organique ». Selon lui, la médecine interne ne peut progresser dans sa connaissance des maladies qu’à condition d’intégrer des éléments apportés par la psychologie. Ce qui le conduira à mettre en place une psychothérapie appelée « bioanalyse », destinée à observer le courant vital psychique dans le corps sain ou malade, les liens entre la psyché et le corps. L’objectif était aussi de vérifier expérimentalement les effets des excitations psychiques sur le physique, mais également des substances chimiques sur l’appareil psychique.