La recherche en psychologie en danger ?

Préserver l’indépendance et la qualité de la recherche française en psychologie : tel est l’objectif qui a conduit chercheurs en psychologie, éditeurs et responsables de revues de cette discipline à se rassembler le 3 décembre à l’Université Paris Ouest de Nanterre, à l’occasion d’une journée de mobilisation organisée par le réseau « Concertation des publications de psychologie en langue française » (1). Le réseau s’est notamment réuni en une assemblée constituante, qui a entamé l’examen de statuts proposés pour la « Conférence des publications de psychologie en langue française », et en a adopté les principes. La forme définitive sera arrêtée lors d’une assemblée fixée au début de 2011.
Pourquoi un tel réseau ? A l’origine de sa constitution, des chercheurs de la discipline ont critiqué le classement des revues de recherche en psychologie effectué par l’AERES (Agence d'évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur) en 2008. Sur une liste de 2 838 revues, recensées par cette instance publique ayant comme mission l’évaluation des chercheurs français, 89 % étaient rédigées en langue anglaise, excluant des premiers rangs du classement les revues de psychologie francophones. L’autre critique principale adressée à l’AERES concernait les critères utilisés pour classer les revues : « Ils sont à la fois méthodologiquement et scientifiquement discutables, et leur élaboration relève à plus d'un titre de procédures institutionnelles opaques. L’évaluation collective par les pairs, qui est au fondement des procédures d’évaluation des travaux scientifiques, n'est pas respectée ici », explique Benoît Schneider, co-président de la FFPP (Fédération française des psychologues et de la psychologie), l’un des organismes à l’initiative d’un appel lancé au début de l’année 2010 pour protester contre ce classement de l’AERES.