Il faut croire que les documentaristes aiment Marseille. Après la série de films que Jean-Louis Comolli et Michel Sanson ont consacrée aux luttes électorales de la cité phocéenne, voici donc La République Marseille de Denis Gheerbrandt. Dans cet ensemble composé de sept opus, le cinéaste part à la rencontre du peuple marseillais. Dockers, syndicalistes, ex-militants du PC reconvertis en militants associatifs, mal-logés, habitants des quartiers Nord racontent souvenirs intimes et fragments d’une histoire collective. Ils s’adressent à « Denis », cet homme à la caméra familier et attentif, auquel ils dévoilent leur Marseille : les docks, l’usine qui a fermé, le quai où l’on venait pêcher avant qu’il ne soit grillagé, le petit parapet sur lequel on s’assoit, depuis toujours, dans la fraîcheur du soir. Ils lui ouvrent leur maison, leur album photo, leur mémoire. Comme les résidents de l’avenue de la République, qu’un projet de réhabilitation menace d’expulsion, ce peuple de Marseille envisage l’avenir avec appréhension. Mais il ne baisse pas les bras.
Marc Olano