La résilience est la capacité à résister à un traumatisme ou à se reconstruire après lui. Pour le psychanalyste Serge Tisseron, derrière cette définition commune se cachent des conceptions variées voire opposées. Au point qu’il propose de parler plutôt des résiliences au pluriel. Précédé par la longue tradition littéraire des héros orphelins traçant leur route envers et contre tout, l’usage scientifique du mot est né autour de 1950, avant d’être fortement médiatisé. Après une courte analyse des raisons et des conséquences de ce succès public, S. Tisseron invite à prendre un peu de recul. Par exemple, cette idéalisation ne conduit-elle pas à mettre les résilients un peu trop vite sur un piédestal ? Pablo Picasso, traumatisé dans son enfance, fut certes un artiste génial, mais aussi un tyran pour ses proches. Ne risque-t-on pas aussi d’oublier que la résilience n’est qu’un bricolage, ni forcément possible ni définitivement acquis ? Et le danger existe de fragiliser ceux qui, malgré tout, « n’y arrivent pas ». Un ouvrage critique et intéressant, à mettre au regard de ceux de Boris Cyrulnik sur le thème.
Marc Olano