La revanche des nationalismes

La Revanche 
des nationalismes
. Néopopulistes et xénophobes à l’assaut de l’Europe
, Pierre-André Taguieff
, Puf, 2015, 324 p., 19 €.

Dans cet essai, musclé comme de coutume, Pierre-André Taguieff dresse un réquisitoire contre l’abandon de mots graves aux plus basses stratégies politiciennes. En effet, à force d’être utilisés comme stigmates, les vocables « populisme », « extrême droite » et « fascisme » se sont progressivement vidés de leur sens. Souvent confondus, ils ne signifieraient plus que le rejet hors de l’espace politique d’une réalité que P.‑A. Taguieff nous enjoint plutôt de regarder en face : la « panique identitaire » qui touche le monde globalisé. La fétichisation négative du populisme, explique-t-il, brouille le sens de ce qui ne désigne, somme toute, qu’un « style rhétorique » : celui de l’appel au peuple, revendiqué par la majorité des courants politiques. Les élites politiques actuelles, en agitant le chiffon « populiste » et « fasciste », seraient, en réalité, en train de combattre un retour du peuple « par la droite ». De fait, le nationalisme culturel reprend des forces, en réaction aux dépossessions effectives causées par la globalisation. Même dans les pays où la situation économique est loin d’être catastrophique, ce nationalisme progresse. C’est la preuve, pour P.‑A. Taguieff, que l’angoisse identitaire, si elle peut se renforcer au contact de menaces d’ordre économique et matériel, est première.