La Russie à la conquête de l'Est

La Russie veut s’ouvrir les portes de l’Asie, mais peine à trouver la bonne stratégie. D’autant que l’influence de la Chine sur cette partie du monde ne faiblit pas.

Au confluent du fleuve Amour et de la rivière Oussouri, sur les collines verdoyantes de l’Extrême-Orient russe, à quelque trente kilomètres de la frontière chinoise, s’étale la ville de Khabarovsk. C’est dans cette agglomération d’un peu plus de 500 000 habitants qu’en mai 2009, le président russe Dmitri Medvedev choisit d’ouvrir le sommet Russie/Union européenne. Le message russe est clair : « Dorénavant c’est vers l’Est que nous regardons. »

 

La frontière russo-chinoise

Cette ambition naît d’une double volonté : démanteler les barrières économiques existant entre les régions de l’Extrême-Orient russe et le reste du pays et, d’autre part, tirer profit de l’intégration de la région au sein de l’espace asiatique. Dans un premier temps, cela c’est traduit par la mise en place de mesures protectionnistes. Par exemple, entre 2006 et 2007, la douane fédérale russe a limité la fréquence des transports venus de Chine et imposé de nouvelles limitations de poids. Des mesures « sécuritaires » ont été mises en place avec, notamment, l’introduction en avril 2006 d’un décret introduisant des zones frontières dans les régions frontalières de la Russie. Pour s’y déplacer, un laissez-passer est nécessaire. « Moscou résiste également au développement de zones économiques transfrontalières russo-chinoises, dans la région de l’Amour ou sur le territoire du Primorye » affirme la chercheuse Sabrina Vidanlec. De plus « Côté russe, les îlots de régionalisation sont restés à l’état embryonnaire tandis que Pékin a activement soutenu le développement de ces zones » et mettait en place, dès 1992, un régime spécial de préférence dans les villes frontalières en introduisant des mesures fiscales afin de favoriser la venue des investisseurs.

, « L’Extrême-Orient russe : une nouvelle frontière ? », IEP-Paris/Céri/CNRS, 09/2009. Disponible sur