Faut-il revoir de fond en comble le mode de fonctionnement de la science, aujourd’hui victime d’une compétition mondiale devenue contre-productive et d’un système d’évaluation de plus en plus contestable ? Le généticien Laurent Ségalat ne mâche pas ses mots pour par exemple critiquer les effets pervers de la course à la publication, au nom du slogan désormais fameux « publish or perish » (« publier ou périr »). Les chercheurs se sont transformés en chevaux de course, déclare-t-il, avec comme seul but le maximum de publications possible, de préférence dans les meilleures revues, car tout leur avenir en dépend, carrière et financements. Plus encore : qu’en est-il de la qualité du travail lorsque, pour obtenir une subvention d’une agence de moyens, il faut annoncer les résultats espérés avant même d’avoir commencé ? S’agit-il encore de recherche au sens inventif du terme ? D’ailleurs, souligne-t-il, l’édifice de la connaissance se construit bien lentement depuis quelques décennies : a-t-on au moins réussi à vaincre l’une des principales maladies sur lesquelles tant d’argent est investi ? Le pessimisme du pamphlet de L. Ségalat n’a d’égal que l’espoir qu’il met dans un sursaut de la communauté scientifique.
La science à bout de souffle ?
Laurent Ségalat, Seuil, 2009, 107 p., 12 €