Avec ce livre paru en 1909, le philosophe américain William James (1842-1910) prolongeait son précédent manifeste, intitulé Le Pragmatisme, en rassemblant ces quatorze articles, entourés d'une préface, d'une conclusion sous forme de dialogue et d'un bref index de noms et de concepts. Paru en 1913 dans un français marqué par l'esprit de l'époque, ce recueil est ici proposé en une nouvelle traduction, fort soignée, par un collectif de six chercheurs en philosophie. Leur introduction résume, explique et situe parfaitement la pensée de W. James.
Pour W. James, la signification d'un discours ne se forme que par son effet. La vérité est un processus et la philosophie est moins une interprétation du monde qu'une tentative pour le transformer. W. James s'est réclamé du sophiste Protagoras, lequel semble le premier à avoir affirmé que rien n'est par nature, que tout est convention et ouvert au changement. Selon Gilles Deleuze, le pragmatisme est le pendant américain du marxisme. Sous cet angle, sa redécouverte actuelle, après une éclipse presque totale à partir du milieu du siècle, est symptomatique et annonciatrice de bouleversements sociaux encore à venir. Toutefois, le pragmatisme n'est pas redécouvert aujourd'hui comme une école particulière, mais en tant que lieu de mise en relation dynamisante de philosophies perçues autrefois comme opposées, telles la philosophie analytique et la tradition herméneutique (Nietzsche, Heidegger, Derrida).