Et si « la crise du politique et le sentiment de malaise dans la démocratie (étaient) moins les effets d'une régression que d'une progression de l'exigence démocratique dans la société civile, à laquelle les institutions actuelles ne savent ni ne peuvent répondre » ? Ce renversement de perspective est de nouveau l'occasion pour l'auteur de convaincre de la nécessaire réévaluation du monde associatif qu'il avait entreprise dans son précédent opus (Renouer le lien social. Liberté, égalité, association, Odile Jacob, 2001). Elle le conduit également dans l'ultime chapitre à « renverser la politique ». Comprendre : inverser, en fait, son sens et « impulser un mouvement qui va de "bas" en "haut", plutôt que de gauche à droite ou de droite à gauche, pour lui redonner un sens partagé par tous ».
Concrètement, cela passe notamment par la constitution d'un « lieu d'expression qui soit l'interface entre la société civile et la classe politique ». Une nouvelle utopie ? Non, précise l'auteur, en rappelant qu'un tel lieu existe déjà sous les traits du Conseil économique et social (CES). Au-delà du propos programmatique, ce sont les vertus de la démocratie associationniste que l'auteur nous convie à (re)découvrir à partir d'une relecture originale du Contrat social de Jean-Jacques Rousseau.
Charlotte Jacquemot
Membre du Laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistique de l’École normale supérieure (ENS).