La Société flexible

Matthieu de Nanteuil-Miribel et Assa‰d El Akremi (dir.), Érs, 2005, 464 p., 32 €.

L'économie britannique affiche une santé à faire pâlir d'envie la France. Mais les moyens utilisés par Tony Blair, en particulier la flexibilité du marché du travail, ne font pas l'unanimité dans l'Hexagone. Faut-il rendre flexible l'emploi ? Si oui, jusqu'à quel point peut-on aller avant de provoquer une fracture sociale ? Sans évacuer la question « des modalités de l'action publique face au marché », traitée dans le dernier volet de cet ouvrage collectif, le sociologue Matthieu de Nanteuil-Miribel nous invite à une réflexion en amont de l'intervention étatique. Par exemple, la monographie présentée par Marc Zune porte sur l'univers des informaticiens : le métier où la flexibilité « est prétendument la plus acceptée ».

Les récits d'informaticiens aux carrières nomades réussies peuplent la presse économique. Et pourtant tous ne réagissent pas favorablement. Tous les informaticiens n'ont pas l'impression de « se réaliser » en changeant de place. Certains essaient de « tenir ». La stratégie « rentabiliste » consistant à user d'une mobilité professionnelle mercantile n'est pas unique. « Autrement dit, la mobilité des professionnels des TIC est une question bien plus complexe que ce que les termes du débat actuel laissent penser. » Il y a donc de la diversité derrière la flexibilité, des opportunités mais aussi des risques.

Cette enquête sociologique donne le ton général de l'ouvrage. L'ensemble des contributeurs (des gestionnaires, des psychologues, des juristes, des sociologues) s'efforcent en effet de regarder en face les contradictions de la société flexible. De quoi essayer de dépasser les débats partisans du « pour » ou « contre » la flexibilité.