La sociologie de Georg Simmel

Frédéric Vandenberghe, La Découverte, 2001, 123 p., 52 F.

Notamment contre les tenants de l'individualisme méthodologique, Frédéric Vandenberghe, interprète de la sociologie allemande, déplore que la réception de l'oeuvre de Georg Simmel (1858-1918) en France, ait souvent été l'objet d'une récupération tendant à la réduire à une simple sociologie de la vie quotidienne. Ce serait selon lui ignorer toute la complexité de l'oeuvre, perpétuellement tiraillée entre démarches philosophique, sociologique, théologique, esthétique et psychologique.

Au coeur de ces entremêlements de la pensée, un fil conducteur : la nature profondément dualiste et ambivalente de l'individu, de la société, de la vie. Autrement dit, dans ce petit ouvrage particulièrement éclairant, G. Simmel est moins présenté comme un bâtisseur de systèmes qu'un fournisseur d'hypothèses, au milieu d'objets disparates d'une réalité toujours paradoxale. G. Simmel part de la dialectique des formes et des contenus : la vie, pour s'exprimer, passe par des formes. La vie fluidifie les formes et les formes structurent la vie. Il fonde ainsi une théorie de la connaissance, qui n'est pas un reflet passif de la réalité, mais contribue à sa construction. Il fait sienne la célèbre phrase de Kant : « Les pensées sans contenus sont vides, de même queles intuitions sans concepts sont aveugles. »