A-t-on besoin de la notion de vérité en science et, si oui, quel rôle doit-elle jouer ? Telle est la question posée par Jean-Pierre Changeux à quelques éminents chercheurs de différentes disciplines, dont la plupart sont comme lui professeurs au Collège de France. Une telle interrogation fait bien sûr écho aux propos de certains philosophes selon qui cette notion serait inutile. La science a prouvé son efficacité, avancent-ils, non sa véracité. Qu'elle soit à même de rendre compte des phénomènes et de faire des prévisions ne garantirait en rien sa capacité à décrire la réalité telle qu'elle est. De plus, les progrès et surtout les révisions étant toujours possibles, il serait aventureux de considérer les théories actuelles comme vraies. Aussi, la meilleure théorie serait-elle juste celle qui n'a pas encore été réfutée. Mais d'un autre côté, on est bien obligé de reconnaître que les succès des théories scientifiques incitent fortement à considérer que ces dernières offrent une description relativement adéquate des objets qu'elles étudient. Plus précisément, on peut penser que le perfectionnement des théories fait que ces dernières convergent vers la vérité. Et il n'y pas de doute que c'est la recherche de la vérité qui aiguillonne le travail des chercheurs et qui les pousse à mettre en place nombre de procédures de contrôle de ce qu'ils avancent. Alors, au vu de ces deux positions, que faire de la vérité ?
La vérité dans les sciences. Symposium annuel du Collège de France
Jean-Pierre Changeux (dir.), Odile Jacob, 2003, 240 p., 24,90 €.