La ville, laboratoire politique

Le maire, chouchou des Français

François Hollande aurait-il fait carrière sans être élu à Tulle, Nicolas Sarkozy sans passer par Neuilly, ou Jacques Chirac sans arpenter Paris ? La mairie semble un passage obligé pour tout candidat à la présidence de la République, comme si l’ancrage local était un gage de légitimité nationale…

Selon le sociologue Christian Le Bart, « le maire est abonné aux premières places des palmarès en tous genres sur les autorités publiques » ; il est jugé plus utile et digne de confiance que tout autre élu 1.

      Une dérive technocratique ?

Le dernier baromètre du Cevipof, le centre de recherches politiques de l’IEP-Paris confirme : le conseil municipal est en tête des institutions jugées dignes de confiance (pour 62 % des Français), loin devant la présidence de la République (48 %) et le gouvernement (25 %).

Sur le terrain, près des deux tiers des Français font confiance au maire de leur commune, contre 41 % pour leur député actuel 2. « La légitimité accordée au maire puise dans trois sources, analyse ainsi C. Le Bart : l’histoire, qui en a fait une figure familière, le suffrage universel, qui lui confère le monopole de la prétention à incarner la commune, et l’apolitisme, qui le met en situation de parler au nom de tous. »

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Cette légitimité ne confère pas aux maires une liberté absolue pour autant. Élus pour veiller à l’application des lois au sein de la ville, ils doivent cependant composer avec un conseil municipal qui ne leur est pas totalement acquis et, plus généralement, tenir compte de spécificités locales. Depuis quelques années, en outre, observe le sociologue, ils doivent de plus en plus se conformer à un rôle d’« entrepreneur » ou de « manager ». Les citoyens attendent d’eux qu’ils insufflent une dynamique et gèrent de bout en bout un projet ambitieux pour la ville.