Quels regards portent les enfants même très jeunes sur l'actualité ? Ont-ils été eux aussi marqués par le 11 septembre même s'ils n'ont pas été directement touchés ? La psychanalyste italienne Donatella Caprioglio a proposé à des enfants français et italiens d'écoles maternelles et primaires de réaliser deux dessins : le premier doit fixer les images de la télévision sur le 11 septembre qu'ils ont retenues, le second doit proposer une solution pour le futur. L'analyse du premier dessin montre que le choc émotionnel a été très fort et que les enfants ont perçu de manière similaire l'événement : ils ont tous reproduit les tours et les avions de manière plus ou moins réaliste. Le second dessin par contre montre l'influence des modèles culturels et sociaux. La majorité des dessins des élèves italiens (80 %) propose un dessin où les bons font la paix avec les méchants. Du côté des enfants français, un fort pourcentage des dessins a des contenus humanitaires : reconstruire des écoles, des maisons, des hôpitaux, donner de l'argent... La matrice culturelle et les engagements politiques des pays auraient donc une incidence forte sur la représentation que se font les enfants des solutions à cet événement : les élèves français voient une réponse dans un engagement humanitaire pragmatique là où les enfants italiens rêvent de paix...
Références
D. Caprioglio, « Paroles et dessins d'enfants après l'attaque du 11 septembre », <b><i>L'Autre</i></b>, vol. III, n° 3, 2002.